Comment avez-vous été amené à travailler sur Pompon Ours ?
C’est d’abord une histoire de rencontre avec le studio d’animation et de production Supamonks avec qui j’avais travaillé précédemment sur un autre projet. C’est à cette occasion que j’ai fait la connaissance de la productrice Valentine de Blignières. Elle est venue me voir avec un album de Benjamin Chaud, Poupoupidours, et m’a demandé de faire quelques visuels pour un futur projet de série. Je ne connaissais pas les livres, et j’avoue que je suis tombé sous le charme de ce petit ours et de son papa. J’ai fait quelques esquisses de décors et de personnages et, de fil en aiguille, je me suis proposé pour réaliser la série.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le métier de réalisateur pour un programme d’animation ?
Le réalisateur, c’est un peu le chef de projet. Artistiquement, c’est celui qui choisit la mise en scène, c’est-à-dire la manière de mettre l’histoire en images. Il veille également à ce que chaque membre de l’équipe avance dans une direction commune. Chacun·e a le droit de proposer des idées, mais le réalisateur va faire en sorte que le projet reste toujours cohérent. Il veille aussi à ce que les choses qu’il faut mettre dans l’image ne soient pas trop coûteuses ou trop longues à fabriquer. Cela suppose d’être présent à toutes les étapes, depuis l’écriture du scénario jusqu’à la fabrication du son. Pour travailler sur des films pour enfants, je crois qu’être un enfant soi-même est déjà un bon point de départ. Ensuite, il faut s’amuser, et prendre du plaisir !
Comment avez-vous procédé pour adapter sur grand écran des albums très graphiques, avec peu de personnages et de dialogues ?
Nous nous sommes vus quelques fois avec Benjamin afin d’être sûrs que rien n’allait le gêner dans les choix artistiques. Il m’a toujours laissé une immense liberté, et je l’en remercie ! Il fallait faire certains choix éditoriaux pour que Pompon puisse exister sous forme de série animée. Par exemple, il fallait donner une voix aux personnages qui transmettent leurs émotions. Par ailleurs, les décors du livre sont superbes mais ils sont faits pour qu’on prenne le temps de les regarder, qu’on s’amuse à rechercher les personnages, ce sont toujours des plans très larges. En animation, cela serait impensable ! Un plan dure rarement plus de cinq secondes, et on a besoin de toute la grammaire de mise en scène pour que l’histoire fonctionne le mieux possible. Contrairement aux albums, toute l’action se déroule dans la forêt, essentiellement autour de la tanière de Pompon et sa famille, il n’y a pas d’interaction avec les humains. Ces points, et tant d’autres, ont grandement influencé la direction artistique.
On remarque d’ailleurs que les traits de Pompon et de ses parents sont un peu différents des albums, comment avez-vous conçu leur « nouvelle figure » ?
Ça a été un assez long processus, entrecoupé par d’autres projets sur lesquels j’étais graphiste. Lors de mes premières recherches, je collais beaucoup aux dessins de Benjamin. Le « support » livre offre une grande liberté dans lequel le dessin peut fluctuer, en fonction des envies de l’auteur, mais l’animation 2D est beaucoup plus contraignante. Elle suppose une grande précision dans le design du personnage, car il doit être identique d’un plan à l’autre, et tout le monde dans l’équipe d’animateurs doit être capable d’en comprendre les lignes et les volumes. Pour trouver Pompon, je crois que je suis passé par trois ou quatre designs différents, avant de savoir enfin vers quel style exactement je voulais aller.
Pompon aime à explorer son environnement, c’est d’ailleurs un véritable fil rouge tout au long de ses aventures. C’est une thématique que vous aviez particulièrement envie d’aborder ?
Bien que tout se passe autour de la tanière, je ne voulais surtout pas qu’on ait le sentiment que Pompon soit limité dans l’espace qu’il peut explorer. Ce que je voulais avant tout, c’était qu’il soit libre. J’avais envie d’horizons infinis, de grands paysages. Le monde dans lequel il vit est peu contraignant : il n’y a pas d’antagonistes, tout le monde est bienveillant. Cela permet à Pompon d’explorer son univers, et donc de s’éveiller en toute sécurité. Cette exploration ne se situe d’ailleurs pas uniquement dans l’infiniment grand. Elle existe aussi dans les petites choses du quotidien, et également dans l’intime. Pompon explore beaucoup ses émotions, et je trouve qu’ il y a un lien fort entre la nature dans laquelle il évolue et les émotions qui le traversent.
Quelles ont été vos inspirations pour créer de nouveaux personnages secondaires ?
L’amour familial est exploré via les parents de Pompon, mais nous voulions que Pompon s’inscrive aussi dans un cercle d’amis, car les copains, et donc l’ouverture sur le monde extérieur, nous permettraient de traiter un nombre plus vaste de sujets. Dans l’absolu, Tout Petit Ours pourrait exister également, mais s’il fait son apparition, ce sera plus tard.
Je vois un peu Pompon et Rita comme Tom Sawyer et Huckleberry Finn. Pompon a un fort ancrage familial, là où Rita est beaucoup plus indépendante. Presque tous les autres personnages ont été inventés au fil de l’écriture, avec des envies différentes pour mettre en valeur d’autres facettes de l’oeuvre. Pour Gabi, c’était l’envie de faire un personnage qui fasse paraître Pompon plus grand en comparaison. Coin-Coin, c’était l’envie d’un personnage drôle, car on ne sait pas s’il est un peu bête ou super génial. On l’aime beaucoup, Coin-Coin !
Petites balades et grandes aventures parle d’ailleurs de la famille au sens large : on y voit les parents, les amis, et même le désir d’agrandir la famille. Certains épisodes sont touchants, d’autres drôles, et d’autres fantastiques… C’est une très belle sélection ! Pompon explore beaucoup ses émotions. Il y a un lien fort entre la nature dans laquelle il évolue et les émotions qui le traversent.
Retrouvez toutes les informations sur Pompon Ours, petites balades et grandes aventures sur la page du film.