Catharina Valckx écrit des ouvrages de littérature jeunesse dans ses deux langues : le français et le néerlandais. Depuis 1997, elle a publié une cinquantaine de livres, albums et romans à l’école des loisirs. Ses histoires, à la fois concrètes et fantaisistes, mettent en scène des personnages bienveillants et drôles, évoluant dans un univers qui mêle humour absurde et poésie. Ses livres sont traduits dans plus de quinze langues.
Comment êtes-vous devenue autrice-illustratrice ?
J’ai toujours aimé dessiner. Et peindre, surtout. J’ai grandi en France et j’ai déménagé aux Pays-Bas pour faire une école d’art après le bac. J’ai découvert le plaisir de l’écriture à ce moment-là car le français me manquait : n’ayant pas le téléphone, j’ai commencé à écrire plein de lettres. Puis des histoires, vraiment pour le plaisir, avec beaucoup de dialogues, car c’était surtout le langage « parlé » qui me manquait.
C’est à 35 ans, après la naissance de mon fils, que j’ai découvert l’immense plaisir du partage d’un livre avec un enfant et que j’ai commencé à explorer le monde de la littérature jeunesse. J’ai plus ou moins changé de métier à ce moment-là. D’artiste plasticienne, je suis devenue autrice-illustratrice de livres pour enfants, et je ne l’ai jamais regretté. C’était comme arriver chez moi, être au bon endroit.
Que lisiez-vous quand vous étiez enfant ?
J’étais abonnée à Pif Gadget et j’adorais Rahan qui devait souvent affronter des animaux sauvages de taille démesurée. J’aimais bien aussi la morale pacifiste de ces histoires. J’aimais également Le journal de Mickey, pas spécialement pour les intrigues, mais pour les images que je recopiais en les agrandissant. Ma chambre en était tapissée !
En néerlandais, je me souviens surtout des livres illustrés de Paulus, le lutin des bois que nous lisait notre mère. Ce lutin habitait dans un tronc d’arbre et était ami avec un corbeau et un hibou. Une drôle de sorcière au nom parfait d’Eucalypta les tyrannisait gentiment. Le tout était très drôle et toujours surprenant.
Les images ont évidemment été essentielles pour ces coups de coeur de mon enfance.
Comment est né le personnage de Billy ?
Quand j’ai écrit le premier livre de la série : Haut les pattes !, j’avais dans l’idée d’écrire un livre mêlant aventure, suspense et action. Ma génération ayant vu beaucoup de westerns à la télévision, enfant, j’ai pensé à mettre en scène un petit cowboy. Les grands espaces, les maisons en bois, les chevaux, les chapeaux, toute cette atmosphère évoquait pour moi une sorte de liberté. C’est devenu un hamster car j’aime le paradoxe du héros à la fois énergique et courageux, mais tout petit et mignon.
Comment avez-vous imaginé votre sympathique bestiaire du Far West ?
Dès le début, la relation de Billy et son père a été un moteur. L’autre personnage clef de la série, c’est bien sûr Jean- Claude, le ver de terre. Il me fallait un petit animal inoffensif, et surtout sans pattes – pour l’effet comique (NDLR : le premier album s’intitule Haut les pattes !). J’ai trouvé que Jean-Claude et Billy formaient un bon duo, bien différencié, ils sont donc devenus inséparables.
Les autres personnages sont arrivés au gré des histoires : Didier, le petit frère de Jean-Claude, personnage que j’avais promis à un petit garçon qui m’avait offert le dessin d’un tout petit ver de terre ; Jack, le vieux vautour toujours de mauvaise humeur mais pas méchant ; Bretzel, le vilain Blaireau devenu Gros Dur sur grand écran… Dans le dernier album, Billy à l’envers, j’ai ajouté Suzie la petite fouine parce qu’elle est le personnage féminin du petit trio d’ami·es de l’adaptation.
J’ai un grand penchant pour les prénoms dits « ringards » : Jean-Claude, Josette, Didier… Mais ce type de noms ne convenait pas pour notre héros. J’ai finalement choisi Billy, comme Billy the Kid, le légendaire jeune bandit américain du 19e siècle. J’ai trouvé que ça sonnait bien : à la fois mignon et dynamique.
D’après vous, pourquoi les aventures de Billy rencontrent- elles un tel succès auprès des enfants ?
Peut-être parce qu’il y a une ambiance assez bon enfant, mais en même temps du suspense ?
Les personnages principaux sont gentils, ils prennent vie et font rire les enfants, qui s’y attachent facilement grâce aux nombreux dialogues. Mes personnages vivent de vraies aventures, mais les enfants ne s’inquiètent pas trop, ils·elles savent que cela finira par un barbecue de noisettes grillées ! Ils·Elles adorent cette fin récurrente, inspirée par le banquet final d’Astérix et Obélix, que j’adorais moi-même à leur âge.
Je rencontre régulièrement des élèves en classe : je leur parle de mon métier, je fais une lecture, les enfants me posent des questions et nous dessinons ensemble.
De quelle manière avez-vous participé à l’adaptation de vos albums ?
J’étais présente tout au début du projet pour l’élaboration de la bible littéraire. C’est un document qui décrit au mieux les spécificités de l’univers, ainsi que les caractéristiques de chaque personnage, et qui sert ensuite aux scénaristes. C’était intéressant pour moi de devoir mettre des mots sur des réflexes intuitifs, comme par exemple préciser que les dialogues doivent être naturels, que ce sont des enfants qui parlent. Que j’aime l’humour absurde et que les méchants doivent être drôles aussi…
Puis j’ai participé à la bible graphique, qui fixe l’aspect visuel des personnages et des lieux, en dessinant quelques nouveaux personnages pour agrandir la famille : Rémi le bousier, Ollie la cousine de Billy, M. Blitz le fourmilier qui tient le « Magasin de Tout », Agatha la pie voleuse… Enfin, j’ai coécrit le scénario de l’épisode Les chercheurs d’or.
Qu’est-ce que cela vous a fait d’entendre les voix de vos personnages ?
J’ai tout de suite adoré les voix, heureusement ! En particulier celle de Jean-Claude qui est phénoménale. Il est très très drôle ! Le doublage est assuré par des acteurs·trices professionnel·les, on retrouve de vraies voix d’enfants.
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