Alain Gagnol étudie l’animation, l’illustration et la bande dessinée à l’école Émile Cohl à Lyon puis travaille comme animateur à Valence. Il écrit également des romans noirs publiés aux éditions Gallimard, au Cherche Midi et aux éditions Le Passeur.
Jean-Loup Felicioli étudie aux Beaux-Arts d’Annecy, Strasbourg, Perpignan et Valence, avant de rejoindre Alain Gagnol. Il écrit également des livres pour enfants. Ensemble, ils réalisent plusieurs courts métrages avant de sortir en 2010 leur premier long métrage, Une vie de chat, nommé aux Oscars, puis Phantom Boy en 2015.
Comment travaillez-vous à quatre mains ?
Alain conçoit les histoires et écrit le scénario. Jean-Loup crée le graphisme, les décors et les couleurs du film. Nous partageons ensuite la réalisation grâce à une vision artistique commune, tant au niveau de l’image que du son.
Le même style de graphisme se retrouve dans tous nos films, cela crée une unité entre nos oeuvres pourtant très différentes, même si pour ce nouveau film il a énormément évolué avec le passage de la craie grasse au numérique. Nous privilégions la force du dessin en traitant l’image comme une illustration qui prendrait vie. Il faut « tricher » pour donner l’impression que ces personnages dessinés à plat sont capables de tourner et de bouger en toute liberté. Cette particularité a donné naissance à un style d’animation qui joue avec de fausses perspectives, une utilisation expressive de la couleur, un mélange entre le réalisme et une vision plus plate du dessin.
Comment écrit-on un polar pour enfants ?
Nous avons déjà par deux fois abordé le genre du polar pour enfants. Ce goût pour les récits policiers nous vient à la fois de la littérature et du cinéma. Le film de braquage est très codifié : le récit commence par la préparation, les planques pour surveiller les habitudes de la future cible, puis l’élaboration de la maquette ou le plan qui résume visuellement le parcours à effectuer pour atteindre le butin. Et pour finir, le passage à l’action ! Tous ces passages obligés sont présents dans notre scénario, mais à hauteur d’enfants de dix ans. Nina et Mehdi s’organisent comme de vrais professionnels et sont prêts à tout pour sortir leurs familles des difficultés financières survenues après la fermeture d’une usine. Le genre du polar nous semble très adapté au jeune public car il permet d’aborder des thèmes contemporains sans jamais sacrifier au plaisir des spectateurs·trices.
Comment avez-vous construit et développé les personnages des enfants ?
Nina et Mehdi rêvent à des jours meilleurs, ce qui les pousse à prendre des risques inconsidérés et à tenter l’impossible. Ce sont des personnages courageux, inventifs et déterminés. À force de volonté et d’ingéniosité, ils accomplissent plus de choses que les adultes, pris dans les nombreux soucis de la vie quotidienne.
Nina et le secret du hérisson propose une vision à la fois tendre et sans concession de la relation entre une fille et son père. Ils s’adorent, rient et passent du temps ensemble, mais quand tout va mal, leur relation est la première à en faire les frais.
Nina est un personnage romanesque car elle n’accepte pas d’être impuissante et son courage sera récompensé. Elle va prouver à son père que l’espoir ne se transforme pas forcément en regret : le parcours initiatique dans cette histoire ne concerne pas seulement les enfants.
Comment aborder des thématiques liées au monde des adultes à hauteur d’enfant ?
Nous revendiquons un cinéma exigeant pour le jeune public, un cinéma qui n’hésite pas à aborder des thèmes sérieux, sinon importants. Les enfants sont des éponges, iels vivent dans le même monde que les adultes, bien qu’on l’oublie trop souvent. Notre film montre comment les enfants sont touché·es par des problèmes plus grands qu’elles·eux. Il aborde leur rapport aux évènements qui affectent leurs parents, qu’iels ne comprennent pas toujours mais qui bouleversent leur vie.
Malgré le contexte social difficile, le film ne dépeint pas pour autant un monde sans espoir, dans lequel il serait inutile de lutter. Notre première ambition est de faire du cinéma, le meilleur possible, et de captiver les spectateurs et spectatrices avec un spectacle qui leur fera vivre de nombreuses émotions.
“Le genre du polar nous semble très adapté au jeune public.”
Nina et le secret du hérisson est à la fois un film d’action et d’ambiance…
Le film joue à la fois sur la comédie et le suspense, sans multiplier les péripéties et les retournements de situation. Nous avons opté pour une mise en scène qui ménage des respirations, des moments suspendus pouvant apporter de l’espace et un peu de poésie au milieu de l’action. Les questions de rythme dans l’écriture, le montage, l’animation, etc. restent primordiales pour nous. Tout en amusant les jeunes spectateurs·trices, nous voulons leur donner à voir et à entendre une forme de cinéma différente de ce qu’ils peuvent regarder habituellement.
Le mot du producteur Jérôme Duc-Maugé, Parmi les lucioles films
Nina est confrontée à la perte d’emploi de son père ; nous avons voulu dédramatiser ce thème dont les enfants entendent parler tous les jours, à la récréation, à la radio, dans les conversations d’adultes. Le film est un conte social à l’issue positive ; notre héroïne participe à ce dénouement grâce à ses convictions et son insouciance. Une place prépondérante est donnée à l’humour, à travers le duo que forment Nina et son ami Mehdi, et bien entendu à la joie de vivre et au courage de notre jeune héroïne. Sans oublier ses interactions inattendues avec le hérisson, compagnon de toujours !
Pour organiser une séance scolaire de Nina et le secret du hérisson avec vos élèves à n’importe quel moment de l’année, écrivez à scolaires@kmbofilms.com. Téléchargez tout le matériel disponible gratuitement sur la fiche du film.