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Entretien avec Gaëlle Le Pape, enseignante de la classe de CP lauréate du jeu Ma Petite Planète (édition automne 2022)

Magazine n°3
Gaëlle Le Pape est l’enseignante de la classe de CP de l’école primaire Les Ardoisières d’Allemond (38) qui a remporté l’édition automne 2022 du jeu Ma Petite Planète.

Ma Petite Planète version scolaire est un jeu de défis écologiques individuels et collectifs à réaliser en classe et à la maison pour mettre la créativité des élèves au service de la préservation de la planète. 

Durant trois semaines, les classes doivent valider un maximum de défis parmi une trentaine de propositions adaptées selon les niveaux et organisées par thématiques. Les enfants découvrent ainsi leur pouvoir d’action via des éco-gestes du quotidien, jouent en équipe et créent du lien avec leur entourage.

L’édition automne 2022 a rassemblé 1 850 classes de la maternelle au lycée et plus de 40 000 élèves et encadrant·es. 430 000 défis ont été réalisés. 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de participer ? 

Je pratique « l’école dehors » depuis trois ans. Faire l’école en extérieur, en plein air, permet d’apprendre, de créer et de jouer tout en profitant de la richesse de notre environnement. La plupart de nos sorties se font en forêt. Cette pratique pédagogique améliore le bien-être, la santé, l’autonomie et le relationnel entre les enfants. Lors de chaque sortie, je vois des enfants enthousiastes et heureux·ses d’apprendre. Pour m’aider dans cette nouvelle pratique pédagogique, je consulte régulièrement des sites et réseaux sociaux spécialisés sur le sujet. C’est sur le groupe « Prof en transitions » que j’ai découvert un article sur Ma Petite Planète alliant « jeu » et « écologie », mes deux maîtres mots depuis quelques années. Je me suis renseignée, j’ai assisté à la formation en ligne et je me suis lancée dans l’aventure en emmenant les enfants et leurs parents avec moi et j’en suis ravie ! 

Quels défis avez-vous relevés en trois semaines ? 

Nous avons réalisé au total 1 175 défis ! Les défis « faciles » à relever à la maison comme finir son assiette, manger un repas végétarien, éteindre les lumières, utiliser du savon solide ou couper l’eau quand on se lave les mains, devaient être effectués trois fois par chaque élève. Une grande partie des défis a également été réalisée en classe. Je remercie énormément les parents pour leur investissement dans cette aventure MPP. C’était un vrai projet liant les familles et l’école (ce qui est rare) ! Par exemple, pour le défi « Déchets d’oeuvres », nous avons créé une fresque collective entièrement composée de matériaux recyclés et nous avons fabriqué nos propres décorations de Noël « écolos ». Pour l’un des défis « solidarité », nous avons élaboré un livre pour un camarade de classe qui a déménagé. 

Pour les « défis de classe », c’est à dire ceux à imaginer avec les élèves en dehors de la liste fournie par Ma Petite Planète, nous sommes allé·es jeter nos poubelles préalablement triées dans les moloks situés dans le village. Nous avons également écrit une chanson sur notre engagement écologique dont le clip a remporté le prix Coup de coeur du jury !

Le plus important est surtout de donner du sens aux défis pour que les actions soient poursuivies le plus possible après le jeu. NDLR : Des explications et des ressources pédagogiques sont proposées par Ma Petite Planète pour contextualiser chaque défi.

Quels sont les défis qui ont le plus amusé les élèves ? 

Les enfants ont toustes préféré les gros défis réalisés avec la classe entière : la marche pour le climat, le ramassage des déchets ou la balade en forêt avec le feu d’artifice de feuilles mortes ! La fabrication du pot à crayons à partir d’un rouleau de papier toilette et les décorations pour le sapin ont également eu du succès. 

À la maison, iels ont particulièrement aimé le défi « Je déconnecte » où il fallait passer une soirée sans aucun écran. À cet âge, iels le font quasiment tous les jours et ne regardent presque pas la télévision le soir. Mais cela leur a permis, pour beaucoup, de faire un jeu en famille et iels en ont été très content·es. 

Racontez-nous la réalisation d’un défi qui vous a particulièrement marquée ! 

Nous avons regroupé plusieurs défis sur une même journée autour de la marche pour le climat, le ramassage des déchets et le lien intergénérationnel. Ce défi a eu beaucoup de succès auprès des enfants mais aussi auprès des familles et des habitant·es du village. Il a demandé beaucoup de préparation en amont, mais je pense qu’il restera longtemps dans les mémoires ! 

J’ai d’abord sondé les parents pour m’assurer de leur soutien pour l’organisation, puis j’ai contacté le club du troisième âge du village pour leur proposer de participer au projet. Avec les enfants, nous avons fait des affiches pour annoncer l’événement qui ont été diffusées sur les panneaux lumineux de la commune et accrochées dans le village. Nous avons également fabriqué des pancartes avec nos propres slogans pour défiler. Le maire, des élus et même une correspondante du Dauphiné Libéré ont également répondu présent·es à notre invitation ! 

Après la marche pour le climat, nous avons ramassé les déchets dans le village avec une trentaine de personnes venues nous aider. Pour les remercier nous avons chanté la chanson composée pour Ma Petite Planète et interprété une chanson de Noël en langue des signes. Pour finir en beauté nous avons partagé un goûter composé des gâteaux faits par les enfants avec leurs parents pour l’occasion. Quatre générations rassemblées ce jour-là, c’était un très beau moment de partage autour de la protection de la planète.

Est-ce que certains défis ont été plus compliqués à réaliser ? 

Le défi le plus difficile pour nous était « La voiture non merci » pour lequel il fallait trouver des alternatives à la voiture pour se déplacer : à pied, à vélo ou même à dos de poney ! Comme nous habitons en montagne, le moindre déplacement se fait sur des routes et les distances sont grandes. Les enfants habitent majoritairement loin de l’école et viennent en bus. Pour certain·es, les routes se sont même enneigées pendant le jeu ! Le vélo étant trop dangereux dans ce contexte, je leur ai proposé d’aller chez leurs ami·es à pied. D’autres ont profité des week-ends pour utiliser le vélo dans la plaine où c’est plus sûr ! 

Sur le moment, je me suis dit que les enfants citadin·es étaient avantagé·es pour ce défi. Mais d’un autre côté, nous étions très privilégié·es pour se balader en forêt, faire un câlin aux arbres et observer les animaux car il n’y a qu’à sortir de chez nous pour être en pleine nature et croiser un chevreuil ! 

Est-ce que cette aventure a rendu les enfants encore plus sensibles à la protection de la nature ? 

Je pense que oui, même s’iels l’étaient déjà beaucoup, notamment avec ma pratique de « l’école dehors ». C’est notre quotidien à l’école d’observer les petites bêtes, d’en prendre le plus grand soin et de profiter du bien-être que nous apporte la nature. Des élèves m’ont d’ailleurs confié que certains défis étaient faciles car déjà ancrés dans leurs habitudes quotidiennes à la maison : utiliser un savon solide, couper l’eau quand on se lave les dents ou les mains, éteindre les lumières, manger végétal, faire des soirées sans écrans… Le seul « souci » des parents maintenant c’est de ne plus pouvoir sortir sans gants ni sacs car les enfants ramassent tous les déchets sur leur passage ! 

Grâce aux défis brillamment relevés, la classe gagnante de Madame Le Pape a remporté. une séance scolaire de Pompon Ours, petites balades et grandes aventures offerte par Little KMBO au cinéma de Vaujany !

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